Les examens spécialisés que vous avez effectués ont montré la présence d’une anomalie thyroïdienne nécessitant une intervention chirurgicale qui pourrait consister en l’ablation d’une ou de la totalité de la glande thyroïde appelée « thyroïdectomie ».
Afin de prendre une décision en toute connaissance de cause, vous devez être informé du déroulement, des suites normalement prévisibles de l’intervention mais aussi des risques encourus et notamment des principales complications comparativement à l’évolution spontanée de votre maladie.
Le chirurgien et le médecin anesthésiste vous expliqueront tous ces éléments lors de la consultation. Le but de cette fiche est de vous préparer à l’intervention et de vous aider à formuler d’éventuelles demandes de précisions complémentaires, en particulier les conséquences en cas de refus.
La glande thyroïde est une glande à sécrétion interne, c'est-à-dire une glande qui sécrète des hormones qui passent dans le sang. Elle est située à la face antérieure du cou. Les hormones sécrétées par la thyroïde sont la tri-iodo-thyronine (T3) et la thyroxine (T4) sont essentielles à la croissance et au métabolisme général et la calcitonine qui intervient dans le métabolisme phosphocalcique. La glande est en contact étroit, par sa face postérieure, avec d’autres glandes endocrines, les parathyroïdes, qui sécrètent la parathormone, qui intervient aussi dans le métabolisme phosphocalcique, en agissant sur les os, les reins et l’appareil digestif. Enfin, la face postérieure de la glande thyroïde est en contact avec les « nerfs récurrents », qui sont les nerfs de la voix. La glande a une forme particulière, deux lobes, chacun en forme de petite poire, reliés par un isthme (ou « pont »), le tout moulé sur la trachée, et mesurant environ six centimètres sur six.
On appelle « goitre » une thyroïde dont le volume est augmenté. Il peut être compressif et entrainer des troubles de la voix, de la déglutition, de la respiration et/ou de la toux chronique.
Diverses maladies peuvent affecter la glande thyroïde : elle peut secréter trop d’hormones, c’est l’hyperthyroïdie, entrainant souvent de la tachycardie et des diarrhées avec amaigrissement. Elle peut en sécréter trop peu, entrainant fatigue, prise de poids, frilosité. Elle peut être le siège de tumeurs, bénignes (nodules, unique ou multiples, adénomes, dont certains sont dits toxiques en cas d’hyperthyroïdie), ou cancéreuses.
Selon l’affection de la thyroïde, le traitement proposé sera médical, chirurgical, ou à l’iode radioactif pour certaines hyperthyroïdies. Le traitement hormonal est réservé pour l’hypothyroïdie.
Le traitement chirurgical est surtout réservé aux différentes tumeurs de la glande. Seule la chirurgie permet d’affirmer le caractère cancéreux de la lésion.
Le chirurgien peut procéder à l’ablation d’un nodule, d’un lobe entier, d’une grande partie de la glande (thyroïdectomie subtotale) ou de la glande entière (dans les cancers, certains goitres multi nodulaires et les goitres « plongeant » dans le thorax), voire à l’ablation des ganglions satellites dans les tumeurs cancéreuses. Quand la glande est le siège de très nombreux nodules, la discussion entre thyroïdectomie totale et lobo-isthmectomie (thyroïdectomie partielle) est fonction du nombre, de la taille, des caractéristiques échographiques, de la situation anatomique et de l'évolutivité des nodules.
En général, la chirurgie est accompagnée et suivie par des traitements médicaux dits de substitution hormonale, la L-thyroxine.
L’exploration de la thyroïde passe par les bilans biologiques, dont le dosage de T3/T4 et de la TSH (hormone hypophysaire), l’échographie, la scintigraphie à l’iode radioactif, la ponction, quelquefois le scanner et l’IRM.
Sous anesthésie générale, le chirurgien pratique une incision du cou et retire la thyroïde après une hémostase soigneuse. Cette intervention nécessite en général une hospitalisation d’une journée, mais la survenue d’une hypocalcémie sévère ou d’un hématome peut entrainer le maintien en hospitalisation au-delà de la 24ème heure post-opératoire.
Selon le résultat de l’examen au microscope, et de l’étendue de la chirurgie, il vous sera proposé un traitement hormonal substitutif qu’il faudra suivre, souvent à vie.
En cas de cancer, un suivi médical prolongé par un endocrinologue est indispensable.
Complications non spécifiques
Les suites normales d’une telle intervention sont marquées par des douleurs en avalant type « angine » et parfois un « torticolis » du fait de la position sur la table d’opération. Ces signes doivent disparaitre en deux jours ceci d’autant que vous prendrez des antalgiques type paracétamol.
Complications spécifiques de la thyroïdectomie
La paralysie d’un ou deux nerfs récurrents
Les nerfs récurrents sont les nerfs de la parole et de la déglutition. Ils sont situés en arrière de la thyroïde, près des parathyroïdes et étroitement accolés à celles-ci. Un temps important de l’intervention consiste à repérer ce nerf qui, même s’il n’est pas coupé, peut être lésé. L’utilisation de le neuromonitorage de ce nerf permet de diminuer le risque de paralysie et de prévoir sa récupération. La paralysie d’un nerf se manifeste par une voix modifiée ou éteinte et des fausses routes aux boissons.
La paralysie des deux nerfs est beaucoup plus grave car, elle s’accompagne d’une gêne respiratoire pouvant nécessiter à l’extrême, une trachéotomie temporaire.
Sachez que dans tous les cas, vous bénéficierez d’une rééducation orthophonique qui aidera au retour à une situation quasi normale. A noter qu’il existe des interventions qui peuvent également aider à un retour à la normale (injection de graisse ou de silicone dans la corde vocale par exemple).
Cette complication est relativement peu fréquente après thyroïdectomie : 0,5 %, le plus souvent transitoire.
L’hypoparathyroïdie
Dans la mesure où l’intervention est destinée à faire baisser le taux de calcium dans le sang, il est normal et même souhaité que celui-ci baisse significativement après la chirurgie.
Si cette baisse, s’accompagne de sensations de « fourmis, de coups d’aiguilles » au bout des doigts, des crampes, le chirurgien peut être amené à vous donner temporairement un traitement associant du calcium plus ou moins associé à de la vitamine D.
Cette complication attendue en post-opératoire et même souhaitée disparait dans la quasi-totalité des cas en 1 à 2 mois.
L’hémorragie
Le cou est une région riche en vaisseaux expliquant un risque d’hémorragie post opératoire surtout si vous prenez des médicaments anti coagulants ou de l’aspirine qui sont susceptibles d’augmenter les risques de saignements.
Votre chirurgien et/ou l’anesthésiste pourront être amenés à suspendre temporairement ces traitements pour l’intervention.
Malgré ces précautions, il peut se produire une hémorragie qui peut se manifester à minima par des ecchymoses cutanées et au maximum par un hématome aigu nécessitant une évacuation au bloc opératoire sous anesthésie générale. Cette éventualité est très rare : 0,5% environ.
L’infection du site opératoire
Tout acte chirurgical comportant un abord cutané, nécessite une hygiène rigoureuse de la peau et une préparation spécifique car la majorité des infections post opératoires sont dues à des germes présents dans l’organisme (peau, sphère ORL, appareil digestif, appareil génito-urinaire, …). Toute infection bactérienne survenant en n’importe quel point de l’organisme même distant du geste chirurgical, peut entraîner une greffe bactérienne sur le site opératoire et favoriser un abcès.
Il est important de noter que le taux de ces complications est deux fois plus important en cas de réintervention.
Après votre retour au domicile, la survenue de certains signes que vous jugez anormaux doivent vous conduire à contacter votre chirurgien sans attendre la consultation postopératoire : essoufflement, fièvre, douleurs sur les cicatrices...
Après thyroïdectomie totale, un traitement par L-thyroxine vous sera prescrit par votre chirurgien. La première dose sera calculée en fonction de votre poids. Un contrôle de TSH sera prévu un mois plus tard et la dose de L-thyroxine sera ajustée si besoin.
Un traitement à base de calcium et de vitamine D pourra être prescrit temporairement du fait d’une hypoparathyroïdie.
Les suites de l’interventions peuvent également être caractérisées par l’apparition d’une grosseur au-dessus de la cicatrice, grosseur qui relève d’un œdème lymphatique. Celui-ci peut devenir impressionnant (œuf de poule) mais disparaitra aidé par des massages de la cicatrice.
Enfin, vous pouvez bénéficier de crèmes cicatrisantes appliquées une fois qu’il n’y aura plus de colle.
Encollage cutané
Sur la cicatrice, il y aura de la colle. Cette colle sert de pansement imperméable, ce qui vous permet de prendre votre douche mais pas de bain ou de piscine. Les fils sont cachés en dessous et se dégraderont tout seuls dans les trois mois. Au bout de 15 jours, si vous constatez qu’il reste des dépôts de colle, vous pourrez les enlever en frottant sous la douche.
Après disparition de la colle, si la cicatrice est bien fermée, vous pourrez masser votre cicatrice. Ce massage se fait en pétrissant votre cicatrice énergiquement pendant 5 minutes, 3 à 4 fois par jour, avec la crème cicatrisante prescrite. C’est surtout l’action mécanique de votre massage qui compte.
Dans de très rare cas, une allergie à la colle dermique peut survenir. Il faut alors nettoyer la plaie avec du sérum physiologique en enlevant la colle. La plaie étant refermée par des points sous la peau, elle ne se rouvrira pas. Vous n’aurez qu’à poser un pansement propre dessus tous les jours jusqu’à cicatrisation complète.
NB : Ces explications ne peuvent être exhaustives et votre médecin traitant a également été informé des propositions thérapeutiques qui vous ont été faites. Le chirurgien et le médecin anesthésiste restent à votre entière disposition pour vous fournir tout renseignement complémentaire sur tel ou tel point particulier que vous auriez insuffisamment compris et que vous souhaitez faire préciser.