Les examens spécialisés que vous avez effectués ont montré la présence d’une anomalie parathyroïdienne nécessitant une intervention chirurgicale qui pourrait consister en l’ablation d’une ou de plusieurs glandes parathyroïdes appelée « parathyroïdectomie ».
Afin de prendre une décision en toute connaissance de cause, vous devez être informé du déroulement, des suites normalement prévisibles de l’intervention mais aussi des risques encourus et notamment des principales complications comparativement à l’évolution spontanée de votre maladie.
Le chirurgien et le médecin anesthésiste vous expliqueront tous ces éléments lors de la consultation. Le but de cette fiche est de vous préparer à l’intervention et de vous aider à formuler d’éventuelles demandes de précisions complémentaires, en particulier les conséquences en cas de refus.
Les parathyroïdes sont des glandes de la taille d’une petite lentille, situées derrière la thyroïde auxquelles elles adhèrent étroitement. Normalement nous en possédons 4 : 2 en positions hautes et deux en position basse, de même 2 à droite et 2 à gauche.
Bien que de taille très réduite, elles jouent un rôle très important dans l’organisme, puisqu’elles régulent le métabolisme du calcium. En effet, le calcium intervient dans la constitution de nos os, dans la conduction des nerfs, dans la contraction cardiaque et dans la coagulation du sang.
Lorsque les parathyroïdes travaillent trop, on parle « d’hyperparathyroïdie », à l’opposé lorsqu’elles ne fonctionnent pas assez « d’hypoparathyroïdie ».
Le recours à la chirurgie est nécessaire dans une seule situation : l’hyperparathyroïdie.
Celle-ci est appelée :
• Primitive, lorsque l’on ne retrouve aucune cause. Elle peut atteindre une parathyroïde, c’est ce que l’on appelle un « Adénome » ou plusieurs, c’est alors une « Hyperplasie ».
• Secondaire car il existe une cause qui est quasiment toujours une insuffisance rénale chronique dialysée. Elle se présente comme une hyperplasie.
Dans les 2 cas, vos médecins possèdent plusieurs produits qui permettent de ralentir la survenue des complications. Malheureusement, la maladie peut échapper à ces traitements ou ne pas être sensibles. C’est alors qu’il vous sera proposé de réaliser l’ablation d’une ou plusieurs parathyroïdes.
A noter que l’hypoparathyroïdie relève exclusivement d’un traitement à base de calcium et de vitamine D.
Quant à la survenue d’un cancer des parathyroïdes, sa survenue est tellement exceptionnelle qu’il n’est pas utile de vous en parler.
Dans une bonne moitié des cas, l’hyperparathyroïdie sera découverte fortuitement par la mise en évidence d’une augmentation du taux de calcium dans le sang (hypercalcémie).
Ailleurs c’est à l’occasion de signes très spécifiques comme :
Dans tous les cas, le bilan sera complété par :
Ainsi, vos médecins, seront capables de vous dire s’il convient d’opérer et quel type d’ablation est prévue.
Il existe une cause d’erreur de diagnostic que vos médecins connaissent bien : c’est le manque de Vitamine D. En effet, en cas de carence en Vitamine D, vos parathyroïdes se mettent à hyperfonctionner pour compenser la perte de calcium. Le traitement n’est alors que médical : c’est la recharge en Vitamine D.
En dehors de ce cas, si l’intervention n’est pas réalisée, les risques sont multiples et peuvent indirectement aboutir à des situations très critiques :
Enfin, il n’est pas rare de rencontrer une accélération du dépôt de calcium dans les vaisseaux avec le risque d’artérite et d’infarctus.
La voie d’abord standard est la cervicotomie : incision horizontale de 3 à 5 cm, symétrique située à la base du cou. La cicatrice sera protégée par de la colle, les points de sutures étant dessous et disparaitront tous seul. Notons que dans des cas exceptionnels, la parathyroïde malade peut se trouver dans le thorax. Une voie d’abord adaptée vous sera alors proposée.
Il existe deux types d’interventions :
Toutes les pièces opératoires sont adressées systématiquement pour analyse anatomopathologique.
Complications non spécifiques
Les suites normales d’une telle intervention sont marquées par des douleurs en avalant type « angine » et parfois un « torticolis » du fait de la position sur la table d’opération. Ces signes doivent disparaitre en deux jours ceci d’autant que vous prendrez des antalgiques type paracétamol.
Complications spécifiques de la parathyroïdectomie
La paralysie d’un ou deux nerfs récurrents
Les nerfs récurrents sont les nerfs de la parole et de la déglutition. Ils sont situés en arrière de la thyroïde, près des parathyroïdes et étroitement accolés à celles-ci. Un temps important de l’intervention consiste à repérer ce nerf qui, même s’il n’est pas coupé, peut être lésé. L’utilisation de le neuromonitorage de ce nerf permet de diminuer le risque de paralysie et de prévoir sa récupération. La paralysie d’un nerf se manifeste par une voix modifiée ou éteinte et des fausses routes aux boissons.
La paralysie des deux nerfs est beaucoup plus grave car, elle s’accompagne d’une gêne respiratoire pouvant nécessiter à l’extrême, une trachéotomie temporaire.
Sachez que dans tous les cas, vous bénéficierez d’une rééducation orthophonique qui aidera au retour à une situation quasi normale. A noter qu’il existe des interventions qui peuvent également aider à un retour à la normale (injection de graisse ou de silicone dans la corde vocale par exemple).
Cette complication est relativement peu fréquente après parathyroïdectomie : 0,5 %, le plus souvent transitoire.
L’hypoparathyroïdie
Dans la mesure où l’intervention est destinée à faire baisser le taux de calcium dans le sang, il est normal et même souhaité que celui-ci baisse significativement après la chirurgie.
Si cette baisse, s’accompagne de sensations de « fourmis, de coups d’aiguilles » au bout des doigts, des crampes, le chirurgien peut être amené à vous donner temporairement un traitement associant du calcium plus ou moins associé à de la vitamine D.
Cette complication attendue en post-opératoire et même souhaitée disparait dans la quasi-totalité des cas en 1 à 2 mois.
L’hémorragie
Le cou est une région riche en vaisseaux expliquant un risque d’hémorragie post opératoire surtout si vous prenez des médicaments anti coagulants ou de l’aspirine qui sont susceptibles d’augmenter les risques de saignements.
Votre chirurgien et/ou l’anesthésiste pourront être amenés à suspendre temporairement ces traitements pour l’intervention.
Malgré ces précautions, il peut se produire une hémorragie qui peut se manifester à minima par des ecchymoses cutanées et au maximum par un hématome aigu nécessitant une évacuation au bloc opératoire sous anesthésie générale. Cette éventualité est très rare : 0,5% environ.
L’infection du site opératoire
Tout acte chirurgical comportant un abord cutané, nécessite une hygiène rigoureuse de la peau et une préparation spécifique car la majorité des infections post opératoires sont dues à des germes présents dans l’organisme (peau, sphère ORL, appareil digestif, appareil génito-urinaire, …). Toute infection bactérienne survenant en n’importe quel point de l’organisme même distant du geste chirurgical, peut entraîner une greffe bactérienne sur le site opératoire et favoriser un abcès.
Il est important de noter que le taux de ces complications est deux fois plus important en cas de réintervention.
L’hyperparathyroïdie est certes une maladie très rare dont les résultats sont excellents après chirurgie. Toutefois, il existe des situations où cette hyperparathyroïdie récidive sur une des parathyroïdes restantes. Une nouvelle opération sera alors nécessaire. Là encore, cette éventualité survient dans moins de 1% des cas.
Toute chirurgie comporte des risques, y compris vitaux, pas toujours prévisibles.
Après votre retour au domicile, la survenue de certains signes que vous jugez anormaux doivent vous conduire à contacter votre chirurgien sans attendre la consultation.
Contrairement à la thyroïdectomie, la parathyroïdectomie ne nécessite aucun traitement définitif. Tout au plus un traitement à base de calcium et de vitamine D peut être prescrit temporairement du fait d’une hypoparathyroïdie.
Les suites de l’interventions peuvent également être caractérisées par l’apparition d’une grosseur au-dessus de la cicatrice, grosseur qui relève d’un œdème lymphatique. Celui-ci peut devenir impressionnant (œuf de poule) mais disparaitra aidé par des massages de la cicatrice.
Enfin, vous pouvez bénéficier de crèmes cicatrisantes appliquées une fois qu’il n’y aura plus de colle.
Encollage cutané
Sur la cicatrice, il y aura de la colle. Cette colle sert de pansement imperméable, ce qui vous permet de prendre votre douche mais pas de bain ou de piscine. Les fils sont cachés en dessous et se dégraderont tout seuls dans les trois mois. Au bout de 15 jours, si vous constatez qu’il reste des dépôts de colle, vous pourrez les enlever en frottant sous la douche.
Après disparition de la colle, si la cicatrice est bien fermée, vous pourrez masser votre cicatrice. Ce massage se fait en pétrissant votre cicatrice énergiquement pendant 5 minutes, 3 à 4 fois par jour, avec la crème cicatrisante prescrite. C’est surtout l’action mécanique de votre massage qui compte.
Dans de très rare cas, une allergie à la colle dermique peut survenir. Il faut alors nettoyer la plaie avec du sérum physiologique en enlevant la colle. La plaie étant refermée par des points sous la peau, elle ne se rouvrira pas. Vous n’aurez qu’à poser un pansement propre dessus tous les jours jusqu’à cicatrisation complète.
NB : Ces explications ne peuvent être exhaustives et votre médecin traitant a également été informé des propositions thérapeutiques qui vous ont été faites. Le chirurgien et le médecin anesthésiste restent à votre entière disposition pour vous fournir tout renseignement complémentaire sur tel ou tel point particulier que vous auriez insuffisamment compris et que vous souhaitez faire préciser.